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Interview de Judith (Controverse 2007-2008)

Quels ont été tes rôles dans l’encadrement des controverses théâtralisées?

Oups, que dire, c’est plutôt aux étudiants-acteurs de répondre. Metteur en scène, évidemment, meneuse d’écriture aussi, les moments d’orientation de l’action, de précision des idées, aussi de décision qu’il fallait prendre pour faire basculer, avancer une situation… Le lien entre argumentation et situation scénique s’est fait en répétition et en jouant les scènes, c’est très satisfaisant de voir qu’on a besoin de l’échange entre les personnages pour qu’un argument scientifique prenne sens, ce travail là est le plus fort à mon avis.

J’ai trouvé récemment cette citation : « On enseigne ce que l’on a le plus besoin d’apprendre » Richard Bach. Je ne sais pas qui il est mais je la prends à mon compte, concernant les controverses scientifiques.

A-t-il été facile de travailler avec une troupe néophyte?

En un sens, ça n’est jamais facile, de choisir de travailler avec des gens dont le théâtre n’est pas un centre d’intérêt primordial. Déjà, faut que ça le devienne ! A l’entrée dans la salle de répétition au moins.

Mais comme j’adore ça depuis longtemps, je me suis déjà posé cette question. La réponse est apparue assez clairement : la spontanéité, la naïveté même, et le manque d’expérience, peuvent et doivent être transformées en qualités.
Ou plutôt, c’est là que je trouve ce qui m’attire le plus dans l’échange qui s’opère au théâtre : la révélation de ce que nous ne connaissions pas de nous-mêmes, ça marche pour moi aussi bien sûr. Chaque expérience théâtrale est unique, risquée, puisqu’elle est présentée devant un public, qu’on ne peut ni couper au montage ni refaire des prises de scènes. C’est dans cet éphémère, dans cette immédiateté

Je crois que c’est clairement vers là que j’irai à présent. Accompagner sur scène des gens dont ce n’est pas le métier, mais qui en ont très envie, pour traiter de sujets qui les (me) passionnent, et aussi former des associations professionnels-amateurs, je trouve que c’est riche des deux côtés.


Que retiens-tu de cette expérience en particulier, les moments motivés d’espoir? Que penses-tu du résultat?

C’est plutôt une expérience positive, même si on a toujours l’impression que ce n’est pas assez abouti. Je suis assez contente qu’on soit allés clairement vers une dénonciation de la cupidité des pays du Nord

vers ceux du Sud, c’est ce qui me dérange le plus, pour ma part, dans cette histoire de dérèglement climatique, la guerre économique et humaine qui s’y joue.

Assez contente aussi que l’imagerie un peu proprette du café du commerce ait été mise à mal au fur et à mesure du déroulement de la pièce, ce qui a pu faire dire aux spectateurs que c’est une pièce « grave ».

Et puis finalement, c’était assez précis, bien cadré, les espaces, les mouvements, bien dit, tout ce que j’ai rabâché pendant des mois a fait son effet ! Ce qui est magnifique et qui me bouleverse, ce sont les révélations de tempéraments et de sensibilités parmi les acteurs, des engagements émotifs si forts, de vraies créations, c’est génial ça.

J’espère avoir pu faire passer un peu de ce que j’aime au théâtre qui est que plus c’est faux, plus c’est vrai, c’est-à-dire qu’on fabrique avec du faux pour mieux dire le vrai.

Je pense que les spectateurs ont pu oublier le présupposé « théâtre scientifique »= pièce didactique (on est là pour ingurgiter des savoirs), et se sont laissés prendre par l’action, par les caractères, le jeu … C’est le plus important. Peter Brook dit : « Au théâtre, le Diable, c’est l’ennui ».

Propos recueillis par Nuno José Marcelino