Entretien avec Sylvain Hudlet, adaptateur du “Dialogue” de Galilée

Pouvez-vous nous situer plus précisément votre rôle dans les manifestations de l’Année Mondiale de l’Astronomie à Troyes ?

Le projet central qui fut lancé, avant que l’on sache qu’il y aurait l’année mondiale de l’astronomie en 2009, fut une exposition patrimoniale sur l’histoire du ciel. Elle est installée à la médiathèque et réalisée par Marc Lachièze-Rey et moi-même. Ensuite s’est greffé à cela un ensemble de conférences et d’ateliers d’astronomie, un colloque (que l’on n’a pas eu le temps de mettre en route) et enfin la mise en scène du « Dialogue » de 1632 de Galilée, texte totalement inouï par sa pédagogie et par les nouveautés scientifiques de l’époque de Galilée qu’il contient.

Comment vous êtes-vous intéressé à ce Dialogue ?

En premier, par un petit livre : « Galilée, Newton lu par Einstein » écrit par Françoise Balibar, enseignante en physique dont j’avais suivi les cours de physique quantique à Paris 7. Depuis, dans un enseignement d’histoire des sciences dont je m’occupe ici à Troyes, dans lequel je présente quelques passages pour les commenter en classe. L’idée d’en faire une vraie présentation, ouverte à tous, car ce texte est accessible, date déjà de trois à quatre années.

Comment avez-vous fait un choix et procédé aux « coupes » du texte original ?

Lecture complète de l’ouvrage durant mes vacances ! Retrait des quelques passages correspondant à des réponses que Galilée fait à certains auteurs de son époque qui sont aujourd’hui non accessibles si l’on ne dispose pas de leurs ouvrages. Puis sélection des idées clefs et des endroits du texte où elles sont livrées. Quelques choix supplémentaires de passages vivants mais finalement non indispensables au plan scientifique, comme par exemple la discussion de la première journée autour de l’expérience des miroirs qui permet de montrer que la Lune est forcément rugueuse au contraire de ce que Aristote attendait. Il fallait qu’il reste en gros 30 pages sur un ensemble de 500 pages environ pour une présentation d’une heure…

Qu’attendiez-vous d’une lecture en scène de ce texte ?

Restituer les traits de génie de Galilée, sa joie d’écrire ce texte, le fait qu’il s’adresse, comme il l’indique à la fin de la première journée, à des lecteurs non encore nés en 1632 ! Montrer que des principes physiques actuellement décrits avec des termes techniques comme le principe d’inertie, peut être présenté sans recours aux mathématiques : l’inertie comme un mouvement imprimé de « manière indélébile » dans la matière. Montrer que le mouvement de la terre est finalement plus naturel que son repos. Finalement laisser Galilée faire l’éducation de notre intuition.

Qu’en avez-vous pensé après avoir assisté à la soirée du 17 ?

Extraordinaire !!!

Selon ce que vous en avez observé, le travail des comédiens et le travail des scientifiques sont-ils si différents ?

Les comédiens sont des personnes très ouvertes. Et il me semble que leur travail ne peut se faire que si il y a une bonne ambiance entre eux. Ensuite, pour le reste, j’ai un peu de mal à répondre plus précisément à cette question. Si, un point commun peut-être, comédiens et scientifiques travaillent parfois tard le soir.

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